Le huard rejoint le billet vert ...

"Il ne faut pas pleurer. Il faut se réjouir. Cela veut dire que nous sommes tous plus riches".

Tout le monde s'attendait à ce que cela finisse par arriver, mais pas si vite. Le dollar canadien a atteint jeudi pour la première fois depuis 31 ans la parité avec le billet vert américain. Parti de 62C US en 2002, il se transigeait brièvement à 1,0004$ US jeudi peu avant 11.00am. Loin de s'essouffler, l'ascension du huard a semblé s'accélérer ces derniers mois. Le sursaut des prix du pétrole ces dernières semaines ainsi que la décision de la Réserve fédérale américaine de baisser les taux d"intérêt aux États-Unis de 50 points lundi semblent avoir été les derniers coups de pouce qu'il fallait pour amener les investisseurs à préférer un peu plus encore le dollar canadien que celui de son voisin.

Alors concrètement, quelles sont les conséquences de cette parité? D'un point de vue économique, nous sommes devenus "plus riches" que nos voisins.  Une étude démontre que les prix en dollar canadien sont 24% plus élevés qu'en dollars américains sur des produits identiques. Par exemple, une Ford Mustang vaut 19 250$ US contre 24 799$ icitte. Un ordinateur BlackBerry peut se trouver à 450$ US contre 599$ au Canada. En conséquence, on s'attend à une ruée vers le sud. La frontière américaine n'est qu'à 40 minutes de Montréal. De ce fait, les détaillants canadiens n'auront pas le choix de réagir car "quand il verront que tout le monde va magasiner ailleurs, ils vont devoir revoir leurs modèles d'affaires et baisser leurs prix". Comme dans toutes sociétés, les consommateurs exercent des pressions qui influenceront le prix des produits. D'un point de vue "stratégie business" la hausse du huard va permettre d'aider l'acquisition d'entreprises américaines par les grandes compagnies canadiennes.

Néanmoins, cette parité est néfaste pour certains domaines et notamment au Québec. Premier secteur touché, le tourisme. L'économie américaine est mal au point et la confiance des consommateurs n'est plus là. On va s'attendre à une grosse baisse de fréquentation de la part des touristes américains. Deuxième victime, le secteur manufacturier qui apparaît comme le plus grand perdant de la hausse du huard. J'ai lu récemment que ce secteur avait perdu au Canada 289 000 emplois depuis la fin de 2002 et il pourrait en perdre encore 100 000 de plus d'ici 12 à 15 mois. Les États-Unis, premiers importateurs du Canada et surtout du Québec de ressources naturelles, va devoir se tourner vers des pays plus intéressants pour s'approvisionner. Le Brésil va en profiter.

Alors cette parité est-elle vraiment intéressante? Pour monsieur et madame "tout le monde" oui. Notre pouvoir d'achat va "s'accroître" et il y aura des "bonnes affaires" à réaliser. On peut toujours planifier des vacances aux États-Unis et pourquoi pas jeter un coup d'oeil sur l'immobilier. Un chalet au bord d'un lac dans la magnifique région du Vermont peut devenir tentant ...du côté américain. Est-ce que le dollar canadien va dépasser son homologue américain? Non, ou alors de très peu. D'après les spécialistes et notamment ceux qui travaillent avec moi, on pense que cette parité pourrait durer de quelques mois à une année. L'explosion de la demande de pétrole et de ressources naturelles liée à la très bonne croissance des économies émergentes comme la Chine n'est pas un phénomène passager. Néanmoins, les États-Unis restent ce qu'ils sont et le Canada ne peut vraiment se passer d'eux.

Depuis jeudi, on peut voir différents reportages télévisés sur la réaction des "consommateurs" sur la hausse du huard. Première constatation, tout le monde veut aller aux États-Unis pour faire de bonnes affaires (surtout pour acheter une voiure). On s'attend donc à une invasion pour le week-end de 3 jours début octobre. Deuxième constatation, personne n'a mentionné de profiter de l'occasion pour diversifier ses placements. Depuis quelques temps on s'attendait à ce que cette parité arrive (je travaille dans la finance). Une fois là, ma première réaction n'a pas été de prévoir un week-end chez les ricains, mais plutôt de spéculer. Le risque est pratiquement égale à 0 et tôt ou tard, le dollar canadien repassera sous la barre des 1$US. Alors faire "fructifier" une partie de ses dollars canadiens en américains ne change pas grand chose car les taux d'épargne sont les mêmes, mais quand viendra le temps de les revendre, là ça deviendra intéressant. Reste plus qu'à attendre ... Mais bon, chacun est libre de profiter ou pas de cette parité à sa manière!!

p.s: la Ségolène a encore fait des siennes lors de son court passage icitte. Pauline Marois, chef du Parti québécois, a dû clarifier aux médias, hier, la nature de ses échanges privés sur la souveraineté du Québec avec l'ex-candidate aux élections qui n'a pas pu s'empêcher de parler. Il serait vraiment temps qu'elle se trouve une occupation!! A ce rythme là, elle va se faire interdire l'entrée au Canada et au Québec!!

HAVE A GOOD WEEK-END!!